C'est en 1998 que François RUGGIERI (coproducteur de Subway, de La lectrice et de Louis, enfant roi, réalisateur d'un court métrage (les dinosaures) et de spots publicitaires) réalise Hygiène de l'assassin, film inspiré du livre homonyme d'Amélie Nothomb. Le film sort en salle au cours de l'année 1999 de manière relativement discrète, sans éveiller l'attention des médias et du public. Le film est diffusé en France et de manière très brève, laissant peu d'opportunités pour le voir. |
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Réalisateur : François RUGGERI |
Le film s'ouvre sur le décès de Prétextat Tach et sur l'enquête policière qui visera à découvrir l'assassin de celui-ci. Une série d'acteurs secondaires interviennent alors en toile de fond afin de déjouer les rouages relationnels qui unissent Nina et son interlocuteur misanthrope. On assiste aux auditions de Nina, de l'infirmière, de l'agent de l'écrivain, de la psychologue et du légiste afin de suivre cette enquête.
Autant être franc, la réalisation du film déroute, voire choque, celui qui s'apprêtait à découvrir la mise en images fidèle des mots d'Amélie Nothomb. Le jeu de certains acteurs est parfois discutable et on en vient à se demander ce qu'ils font là.
Le film mise sur les ruptures de cadres et sur un dynamisme de l'image qui finit par lasser quelque peu au son de musiques qui surprennent autant que la réalisation.
On ne peut cependant s'empêcher de penser que tous les effets du film, aussi dérangeants qu'il soient, ont leur raison d'être et que le réalisateur a voulu nous faire passer quelque chose... La question est "Quoi ?".
Le récit fait office de prétexte à des réflexions souvent triviales sur les questions de criminologie et le passé du héros s'avère noyé dans des considérations pragmatiques des plus aupauvrissantes. Des images à l'esthétisme soigné illustre ce qui prit place au cours de l'enfance de l'écrivain, mais les thèmes de l'insupportable vieillesse et accession à la sexualité ne sont pas traités comme ils l'auraient mérité.
Je vous propose de découvrir un certain nombre d'extraits, musicaux ou en images, du film afin que vous puissiez vous faire une idée de ses qualités et de ses défauts.
Sont repris, ci-dessous, les acteurs qui interviennent de manière significative dans le film.
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Jean YANNE |
Barbara SCHULTZ |
Richard GOTAINER |
Il est intéressant de noter qu'à côté des libertés de réalisation, François Ruggieri a adapté l'histoire au gré de ses envies. Il tente ainsi de créer des rebondissements qui confèrent au film le statut de "film policier".
Le thème reste cependant celui de l'insupportable état adulte et la valorisation de l'enfance, état que certains assimilent à la pureté car c'est l'état qui admet la bisexualité.
Qui regarde des enfants peut aisément constater leur comportement féminin et masculin, jouant avec cette question de l'identité sexuelle en toute candeur et en toute liberté. Le passage à l'état adulte demande un renoncement, celui de cette bisexualité. La contrainte sociale se situe exactement là, à cet endroit où le doute n'est pas accepté. Evidemment, faire un choix, c'est faire un renoncement, subir une perte.
Il semble que Prétextat Tach ne pouvait accepter cette perte et décida de mettre un terme à la vie de cette fille qui n'était autre que son double.
Ce à quoi il mit vraiment fin, ce jour-là, dans le lac, c'est donc une partie de lui-même, celle qu'il laissera derrière lui pour devenir l'homme que nous connaissons au cours du film.
Le meurtre de Léopoldine est la pierre d'achoppement de l'oeuvre car c'est la culpabilité qui en découle qui fonde toute l'intrigue. Le personnage de Léopoldine sera donc central pour les enquêteurs alors que le secret de Prétextat Tach ne pouvait avoir qu'une seule porte de sortie : la victime.
Nina occupe une position pour le moins ambiguë puisqu'elle se place en tant que victime, mais également en tant que bourreau. On constate d'ailleurs l'identification à cet homme haï mais également admiré, admiré au point où elle désire lui ressembler. Au nom d'une vieille vengeance, elle devient Prétextat, falsifiant à son instar la vérité du passé, la réalité des faits. Ces vérités cachées n'en restent cependant pas moins vraies puisqu'elles influencent de manière importante la vie entière des sujets de l'histoires.
Nina ne devra son salut qu'à l'intervention d'un personnage maternel, celui de l'enquêtrice qui ne désirera nullement mettre en lumière ce qu'il en est d'une relation amoureuse mère-fille. On retrouve d'ailleurs ici, une probable référence au monde d'Amélie Nothomb, monde tranversé par les thèmes d'homosexualité féminine qui s'actualise dans des relations réparatrices.